Pourquoi la botanique nique nique ?

Le Futiloscope se tâte depuis des semaines à l'idée d' y aller, lui aussi, de son couplet " La botanique , c'est chic " ... En tombant ces jours-ci sur une vitrine Camaïeu clamant fièrement  'Tendance Herbier", il s’est dit qu'il était temps!  Cela fait quelques mois que le ras le bol de la   "Jungle Fever"  - Monstera and co- couve. Comme nous ne saurions plus vivre sans une rasade de naturalité, il fallait sans doute trouver autre chose . C'est tombé sur la plante aromatique et médicinale ! Aussi gracile, menue et indigène que la palme est colossale et exotique…  Plus près de nos racines, en quelque sorte . Le mot «  herbarium » ( herbier en anglais) a commencé à s’insinuer dans notre vocabulaire : à ce jour, nous avons décompté, portant fièrement ce nom, une collection Gucci ( en 2016), un bar à cocktails branché ( à l’hôtel National des Arts et Métiers, 52 jus d’herbes et de fleurs au menu) et un e-shop ultra pointu ,  spécialisé dans le tableautin sous verre  de pistils ou  de feuilles séchés.

Nos maisons vont-elles  aussi passer à la casserole botaniste  ? C'est à craindre.  Outre les tableautins susnommés ( le DIY fastoche de l’automne !) , la petite aquarelle florale, légendée en latin si possible , se pousse déjà du col  dans les boutiques bobos  (comme  Jamini).  Le papier peint à motif naturaliste fait florès dans les  hôtels pour djeuns (au nouvel Hoxton Paris entre autres) . La Collab G by Gien et Monoprix , qui sort le 12 octobre,  orne ses assiettes de graminées rétro,  que ne renieraient ni Deyrolle ni John Derian, deux maisons qui, à Paris et New York, ont toujours cultivé des herbiers dans leur coin. Il est temps de chercher des presse-papiers , inclusion fougère ou immortelle, dans les vide-greniers ....

Le petit monde de la beauté, toujours à l’affût du truc qui va faire kiffer les volages millenials , n’est pas en reste. Bien sûr , les huiles essentielles et l’aromathérapie, ce n’est pas nouveau . Mais des lignes grand public, qui s’ appellent carrément  « Aura Botanica » - so classe, donc, le latin !-,  comme sur les bocaux d’apothicaire ? Ca, c’est plus radical , dans le genre " Vade Techno Satanas " ! La toute jeune maison Apoldine ("la philosophie de la beauté botanique") est aussi à fond sur le créneau, avec ses flacons en verre bleu brun d'herboristerie .  Tout comme la boutique The Alchemist’s Kitchen, à New York, d'ailleurs ...

Et si l’on parle d’herboristerie, tiens, allez faire un tour sur «  The Herb Shop » du site grec Daphnis and Chloé , un monument de snobitude. Ou sur l' e-shop de Le Bénéfique, la marque précurseuse d'infusions en tiges,  qui devrait faire un ... tabac mérité!  Elle s’ouvre en ce moment  sur la vidéo saisissante d’un récolteur-cueilleur lyrique, foulant des champs de plantes sauvages au soleil levant  ... Serait-il l’ ultime incarnation du fantasme de changement de vie ( après boucher, pâtissier, fleuriste ?).

Le Futiloscope n’ a pas le temps  d’y penser. Il doit essayer un set de tatouages éphémères parfumés «Bouquet Garni» . S’inscrire à un atelier de "pharmacopée primitive"  le week end prochain. Aller acheter du liquide vaisselle au Thym Vulgaris . Et se choisir une paire de lunette chez Waiting for the Sun, le premier opticien à proposer son petit jardin aromatique en boutique … Attention, Attraction Herbale !

Photo : Tattly