Comme on les convoitait, ces miroirs-soleil en rotin, dans les vide-greniers de campagne, il y a quelques printemps ! L’autochtone, peu au fait de ce micro-trend émergent, nous les cédait 5 € pièce. Aujourd’hui, notre collection est accrochée au mur …et on a l’air d’avoir fait un casse chez AM-PM, qui en propose plein de copies ! Matériau-star des années 50 à 70, le rotin (la tige d’un arbuste d’Asie du Sud Ouest, apparenté au palmier) fait un triomphal retour dans les revues de déco. Chaises, fauteuils-coques, poufs tout blonds et légers ont envahi les intérieurs en vogue. Le rotin s’invite au restaurant aussi, chez le libanais Liza ou chez…Bambou, nouveau temple de la cuisine thaï. Le très lancé Atelier Vime, en Provence, propose des pièces vintage signées, et des meubles en osier (le cousin occidental du rotin) tressés par des vanniers locaux. Même IKEA vient de sortir sa collection-capsule JASSA de fauteuils, canapés, suspensions et paniers très bohemian chic, mixant rotin, osier, et jonc. La chaise longue signée Piet Hein Eek ? Notre (arrière) grand-tante avait quasiment la même dans sa véranda .
Cette déferlante signerait-elle, là encore, une overdose de style scandinave épuré ? Pas si simple ! Tous les grands designers nordiques ont travaillé ce matériau, et ce sont leurs créations qu’on réédite (ou pille) aujourd’hui. Elles se marient impec, au contraire, avec la suspension Alvar Aalto ou l’enfilade en noyer. On peut même –nouveau tic déco- poser sa chère peau de mouton sur un aérien fauteuil en rotin ! On adore aussi, désormais, mettre un peu de « jungalow » dans notre « hygge ». (Vous avez décroché ? Révisez ici et ici). En clair, semer des feuillages exotiques (en vrai ou sur les coussins) un peu partout. Le rotin, avec son faux air de mobilier de jardin (en fait, il n’adore pas le grand air) se plait en leur compagnie. Et c’est pour ça qu’on l’aime aussi.
Car le rotin d’inspiration fifties, qui donne à nos maisons un air de vacances, est évidemment très cool. Voire "tropicool". Ceci dit, ce retour en grâce entraine déjà quelques dérives. On voit reparaître ici ou là du mobilier plus ouvragé, plus « rétro », qui rappelle furieusement les bed & breakfast anglais tenus par des mamies dingues de chintz. Ainsi que la version 2017 de ce canapé défraîchi qui finit souvent sa vie, avec la table basse et le porte-revues assorti, dans la salle d’attente des médecins radins . Quant à la tête de lit « paon qui fait la roue » (chez La Redoute Intérieurs), fallait-il vraiment l’exhumer ? Plus inquiétant : Marie-Claire Maison réhabilitait récemment le fauteuil Emmanuelle , qui, bien sûr, tente aussi un come-back. Méfiance : si c’est pour se retrouver cerné par l’exotique en toc, comme dans un magasin Pier Import des années 80, on passe notre tour !
Photo : DECOit