Ce n’est pas notre genre de seriner « gnagnagna, on vous l’avait bien dit » quand, parfois, notre prescience extraordinaire nous a fait flairer une tendance bien avant qu’elle devienne massive …. Sauf en ce cas précis : celui des fleurs séchées ! En Avril 2016, nous vous annoncions leur ascension au panthéon des bouquets hype. C’était vrai – pas notre genre non plus de raconter des craques !- mais encore timide. Des Craspedia – ces tiges à boule jaune que vous avez sûrement acheté ce mois-ci- se battaient certes en duel ici ou là, des fleuristes chic comme Debeaulieu étaient déjà sur le sujet. Mais dans la vraie vie, bernique !
Cet automne, c’est une toute autre chanson . Ce n’est plus une percée modeste, c’est une invasion. Les Craspedia donc, mais aussi le Limonium sont chez tous les fleuristes de quartier un peu avisés, avec des graminées ou des immortelles séchées … Sur les comptes Insta de déco, on ne compte plus les rangées d’hortensias poudreux qui ornent les murs en guirlande sur ficelle, tête en bas . C’est apparemment la nouvelle façon de les consommer… L’autre DIY du moment, c’est le « wall hanging » végétal , genre branche de saule dénudée et sinueuse , à laquelle on suspend des brins ou des mini-bouquets de fleurs séchées, chardons bleus ou orange en tête ! Il y a en de très chouettes, déjà faits, chez Pompon Bazar, joli concept store qui a aussi son corner de beautés importées de Corrèze. Avec la brassée d’eucalyptus teint, le bouquet sec serait le cadeau de diner qui monte, nous dit Madame Pompon. Il est vrai que qu'il évite le fâcheux faux pas des fleurs fraîches, qui obligent la maitresse de maison à chercher frénétiquement un vase. Alors qu' elle a déjà une focaccia au romarin à sortir du four ! Sans parler bien sûr de la petite touche « slow » et décroissante , so 2017, que le concept porte sans demander trop d’effort…
Deux écoles se disputent même désormais le créneau de la fleur séchée. Il y a donc l’option bobo-champêtre. Et puis le créneau plus victorien, un brin morbide même parfois, de la fleur morte ( renoncules, pivoines, roses) ou séchée puis réhydratée à la glycérine. Celles de Miyoko, ravissante franco-japonaise qui tient boutique au fond du nouveau magasin d’ Officine Universelle Buly , sont spectaculaires. Quant au petit rouleau façon herbier, orné d’une étiquette calligraphiée, qui, chez elle, enserre le bas des tiges quand on s’offre un bouquet, il est d’un snobisme invétéré.
La reconversion dans la fleur séchée semble d'ailleurs LE fantasme de changement de vie pour les filles des milieux créatifs . Miyoko était styliste, tout comme Alexandra , fondatrice de Jeanne Paris, maison entièrement dédiée à la question, qui est la coqueluche des sites de déco Ces derniers raffolent du « rendu pictural merveilleux » de ses assemblages poétiques. Le Futiloscope est plutôt d’accord, surtout à 100 euros le rendu pictural . Il attend juste de savoir si le roseau à plume et la monnaie du pape poussiéreux vont aussi en profiter pour ressurgir. Là, il touchera sa limite...
Photo : The Socialite Family