Alors que les villes sentent de plus en plus le sapin (le Futiloscope est en choc pré-traumatique Noël, et vous?), une autre invitée, évocatrice de frondaisons altières et de troncs vénérables, fait souche dans les tendances du moment. C’est la forêt, qui sort définitivement du bois écolo brut pour se la jouer hype !
Il ne vous aura pas échappé que le sujet agite considérablement le monde de l’édition. La vie secrète des Arbres (les Arènes), le best seller mondial d’un garde forestier allemand, a déjà alimenté pas mal de conversations cet été. Découvrir que les hêtres communiquent par une sorte de "Wood Wide Web" racinaire (dit aussi «Internet des Champignons» ), qu’ils voteraient à gauche s’ils pouvaient, et sont d’excellents parents, est certes fascinant. On va pouvoir approfondir avec deux petits frères assez opportunistes Ecoute les arbres parler (Michel Lafon) - spécial kids- et Ces arbres qui nous veulent du bien (Dunod) qui sort en février.
La morale de toute cette littérature sylvestre ? Fréquenter les arbres de près est une "vraie leçon de bonheur". D’ailleurs, la "sylvothérapie", encore inconnue récemment au bataillon feel good , est le nouveau dada des magazines et des blogs "bienveillants". Enlacer des arbres et profiter de leurs connections avec le ciel et la terre –comme le font les Japonais depuis des lustres- serait ultra bénéfique. Le Futiloscope, qui jusque-là marchait bêtement dans les bois, s’apprête donc à prendre désormais des "bains de forêt", c’est plus chic. Mais pour ce qui est de rejoindre la communauté grandissante des "tree huggers«"( les câlineurs d’arbres en vf ) , en revanche, c’est non! Il y a quand même des limites...
Cette sylvophilie galopante, branche plus majestueuse de la vaste percée naturaliste en cours, gagne aussi la déco. Les papiers peints Forests ou Wood sont en passe de détrôner la jungle et les palmes, jusque là dominantes. En tête de lit ou en lai dans le séjour, on choisit son ambiance, forêt tempérée d’Europe ou bouleaux argentés du Nord , c’est selon, un brin brumeuse, souvent, pour éviter l'effet poster cheap. On commence à en apercevoir dans certains appartements Airbnb, c’est dire. Le nouveau restaurant parisien Comice affiche, lui, une œuvre de l’artiste Peter Hoffer, du meilleur effet « Loup y es tu ? « sombre et mystérieux.
Le monde de la senteur fait aussi feu de tout bois. Entre l'édition limitée Dyptique, Forêt Givrée, la nouvelle collection Déconnecter en forêt des Bougies La Française ("Renouez avec l’essentielle nature, en respirant des odeurs de mousse qui ressourcent") ou la superbe fragrance Mélèze chez Iunx (qui propose aussi l’ eau de parfum L’Arbre), n’en jetez plus, la hotte est pleine ! Avec elles -et ce si smart petit carnet inspiré de celui des sylviculteurs landais, pour noter quelques vers, ou une tisane "bourgeons de pin" - on va pouvoir se balader sous la futaie sans bouger du canapé ...
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