Est-ce la prescience bien connue des stylistes ? Alors que l’été déconfiné s’annonce plus bucolique qu’exotique pour beaucoup, on n’a jamais vu autant d’atours de paysannes fantasmées sur les sites de vente en ligne . Ici ou là, ce ne sont que longues choses champêtres désuètes à fleurettes , façon rideaux de grand-mères pâlis , portés avec langueur ou impertinence par des filles pas très souriantes ( elles regrettent sans doute leur mise plus sexy d’autres saisons ?) … Les imprimés ressemblent volontiers à une version dégradée - un peu fanée- des indiennes XVIII ème siècle ( tiens, les revoilà) les plus simplettes. On voit assez bien des marquisettes s’en affubler en gloussant – ah ah, je me fagote comme une servante….- pour aller enrubanner de quelconques moutons d'agrément.

Tout cela fleure aussi bon le Marivaux décontracté, pour remonter encore dans le temps. Ou, si l’on est vache, le Cyrillus décoloré par les lavages, histoire de rester versaillais… A-t-on enfin trouvé ici la version européenne de la « Prairie Dress » réhabilitée par Bastheva Hay dont le Futiloscope vous parlait fin 2018 ? C’est possible, le jeu avec les codes est le même : du virginal, de la manche ballon et du décolleté modeste, mais revampé par des créatures pas vraiment niaises ni mièvres.

Le cheveu s’arbore court ou en bataille, le make up est nude et c’est encore mieux sur les photos, si l’on est brune et/ou métissée . Il est enfin fortement recommandé d’adjoindre à son costume de rurale fantaisie des "fugly" shoes ( claquettes diverses à semelle orthopédique, grosses baskets etc …) parce qu’on n’est pas des mauviettes à l’eau de rose ni des quilles à la vanille, non mais !

La récup dévergondée de la robe à panier (c’est-à-dire au ras des fesses) est aussi une option, nettement plus premier degré mais néanmoins très jeune fille en fleurs (des champs) , elle aussI. Grande cruche ou petite potiche, vous préférez quoi, vous ?
